Avec les Jeux olympiques de Paris 2024, tous les regards se tournaient vers la Seine, fleuve emblématique et théâtre des épreuves de natation en eaux libres. Alors que les athlètes s'apprêtaient à plonger dans ses eaux, la qualité de l'eau devenait une préoccupation majeure. Les derniers prélèvements réalisés sur plusieurs sites stratégiques, notamment au niveau du pont Alexandre III et du bassin de Bercy, révélaient des résultats inquiétants.
Entre entérocoques intestinaux, Escherichia coli et autres bactéries , la question de savoir si les seuils de pollution respectaient les directives européennes devenait importante. La météo capricieuse de ces dernières semaines, marquée par des orages intenses, n'a fait qu'accentuer les craintes des autorités et des associations comme Surfrider.
Au lendemain de la cérémonie de ce dimanche 11 août qui a clôturé les Jeux olympiques de Paris 2024, les révélations commencent à fleurir. Contrairement à ce qu'affirmait le Comité d’Organisation des Jeux, la qualité de l’eau de la Seine était insuffisante selon les déclarations de Médiapart. Alors quels sont les risques pour la santé ?
Quels sont les risques d’une faible qualité ?
Lorsque les analyses sont réalisées, ce sont les taux d’Escherichia coli et d’Entérocoques qui sont recherchés. Ce sont des bactéries qui altèrent la qualité de l’eau lorsqu’elles sont présentes en trop grande quantité. Les athlètes risquaient donc d’avoir une gastro-entérite ou une maladie de la peau.
La dermatite du baigneur se caractérise par des démangeaisons qui apparaissent lorsque vous vous trouvez dans une eau de piètre qualité. Ce sont souvent des cours d’eau où vivent les oiseaux aquatiques ainsi que les escargots d’eau. Un autre risque n’est pas à négliger puisque la Leptospirose est une réalité à cause de l’invasion des rats dans Paris. Elle provoque des vomissements et une forte fièvre ainsi que des maux de tête et de la diarrhée.
De plus, les taux ont tendance à augmenter après les orages puisque les fortes pluies font déborder les stations d’épuration. Les eaux usées se retrouvent alors dans la Seine et cela s’est produit avant le lancement des Jeux olympiques de Paris 2024.
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Maladies |
Symptômes |
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Gastro-entérite |
Diarrhée, vomissements, douleurs abdominales, fièvre |
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Dermatite du baigneur |
Démangeaisons, éruptions cutanées, rougeurs |
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Leptospirose |
Forte fièvre, maux de tête, vomissements, diarrhée, douleurs musculaires, frissons |
Quel budget pour que la Seine soit « baignable » ?
La région Île-de-France lance en 2015 un plan de 1.4 milliard d’euros. Le projet a été financé par le préfet de la région, la ville de Paris, l’agence de l’eau Seine Normandie a notamment déboursé 700 millions d’euros, le Service public de l’assainissement francilien (SIAAP), le département Seine-Saint-Denis et Seine et Marne.
En parallèle du financement, il a également fallu mettre aux normes plusieurs zones en amont que ce soit dans La Marne ou la Seine. Le bassin de rétention d’Austerlitz a par exemple été créé pour 100 millions d’euros. Son rôle est d’absorber les fortes pluies. C’est une cuve de 35 litres de haut et 50 mètres de diamètre.
Un collecteur de 8.8 km entre Athis-Mons et Valenton a été aménagé pour un budget de 300 millions d’euros.
Les résultats d’analyses officiels de l’Eau de Paris
Le journal Médiapart a pu lire le rapport réalisé par ce laboratoire rattaché à la mairie de Paris, les résultats sont assez inquiétants : la qualité de l’eau de la Seine était suffisante pour que les athlètes puissent se baigner pendant 20 % du temps.
- Depuis le début des Jeux olympiques, les niveaux de qualité des eaux fixés par World Triathlon ont été respectés le 30 et le 31 juillet seulement.
- Pour l’Escherichia coli, la Fédération française de natation impose un taux de 1000 UFC pour 100 ml, mais le dernier relevé montrait 1300 UFC pour 100 ml le 3 août.
- Le 31 juillet, les athlètes (hommes et femmes) de triathlon ont pu plonger dans la Seine.
- Au vu des résultats, tous les entraînements ont été reportés puisque la qualité de l’eau de la Seine n’était pas celle escomptée.
Toutefois, le 5 août, les athlètes ont nagé dans une eau qui n’était pas aux normes ! Dans tous les cas, l’accès aux analyses est relativement difficile. Même la ville de Paris a stoppé son bulletin hebdomadaire. De son côté, l’ARS d’Île-de-France ne veut pas dévoiler les avis sanitaires demandés par la préfecture.
Les athlètes ont pris connaissance des analyses
Avant de se baigner dans la Seine dans le cadre des épreuves du triathlon, les athlètes ont pu consulter les différentes analyses selon le Comité d’Organisation des Jeux. Ils n’auraient donc pas refusé de nager malgré des rapports qui montraient un dépassement des taux, notamment le 5 août dernier, jour du relais mixte.
3 athlètes ont vomi après leur baignade dans la Seine
Les promesses étaient donc de proposer des épreuves dans la Seine avec une qualité d’eau à la hauteur des espérances. Toutefois, le 10 août, Léonie Beck a précisé sur les réseaux sociaux qu’elle avait été malade dans la journée de jeudi : « J’ai vomi 9 fois hier et j’ai eu la diarrhée. La qualité de la Seine est validée ».
Deux autres nageuses allemandes ont subi des vomissements, des nausées et des diarrhées à la suite de l’épreuve en eaux libres. La confédération allemande a fait un point en spécifiant que cette dernière était réalisable au vu des analyses, mais ce ne serait pas le cas selon les rumeurs.
De son côté, Jolin Vermeylen a déclaré qu’il avait bu beaucoup d’eau de la Seine et qu’il avait surtout senti et vu des choses « auxquelles on ne devrait pas trop penser. La Seine est sale depuis cent ans, alors ils ne peuvent pas dire que la sécurité des athlètes est une priorité. Ce sont des conneries. ».
Les Jeux olympiques n’étaient pas le seul but pour la ville de Paris, elle souhaite que les touristes et les résidents puissent se baigner après cet évènement sportif. Trois sites de baignade seront ouverts l’été prochain, ils seront surveillés et délimités par des bouées.
Les espaces seront aménagés avec des zones pour se changer, se doucher… Il faudra surveiller l’évolution des analyses dans les prochains mois.
10 ans de mensonges pour la ville de Paris ?
En 2014, Anne Hidalgo annonce qu’elle veut organiser les Jeux olympiques à Paris avec des épreuves de triathlon dans la Seine. Toutefois, il ne faut pas oublier que 4 épidémies de choléra ont entraîné 80 000 morts au XIXe siècle. La capitale a donc un passé rythmé par la saleté et les dernières infestations de rats l’illustrent parfaitement au même titre que la pollution.
Les égouts reçoivent une quantité astronomique d’hydrocarbures et de métaux lourds après les orages. C’est pour cette raison que des infrastructures ont été construites, mais peut-on réellement imaginer que la Seine est « baignable » ? Au vu des athlètes malades et des résultats d’analyses qu’il est difficile d’obtenir, le doute plane toujours sur la qualité de l’eau de la Seine.
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